Les femmes du 6ème étage

16 février 2011

Un film de Philippe Le GUAY avec: Fabrice LUCHINI, Natalia VERBEKE, Sandrine KIBERLAIN, Carmen MAURA -- (février 2011).
Jean Louis Joubert est un agent de change des plus honnêtes, qui déteste la spéculation.
Un peu mal à l'aise dans cet habit que l'on se transmet de père en fils, il fait figure de bon bourgeois, qui n'a jamais mis le pied en dehors de son immeuble, puisque personne, justement, ne l'y a jamais forcé.
Jusqu'au jour où l'ancienne bonne de la maison est remplacée par une nouvelle, jeune et espagnole.
Grâce à Maria ( Natalia Verbeke), Monsieur Joubert va découvrir «ces femmes qui vivent au-dessus de nos têtes» et dont «on ne sait rien».
Philippe Le Guay retrace une histoire semi-autobiographique : celle d'un Paris des années 60, où les bonnes familles engagent des espagnoles pieuses et propres pour tenir leur foyer.
Logées sous les toits, dans des réduits de quelques mètres, l'Espagne qui a fui Franco et prie la Vierge se reforme à quelques étages d'une bourgeoisie qui étouffe dans sa morale et son «bon goût».
Un vaudeville poétique
Car la recette est connue : à l'inverse d'un «bourgeois gentilhomme» qui rêve d'ascension sociale, le bourgeois, ici, ne souhaite que redescendre plus près des joies les plus simples, et fuir la tyrannie des convenances. La vraie vie, c'est la vie simple.
Et pourtant, par quelques scènes bien menées, Philippe Le Guay évite habilement la caricature, ou une énième version de la même pièce.
Le quotidien de ces bonnes, incarnées par des fidèles d' Almodovar (dont Carmen Maura) se dessine entre l'église espagnole, rue de la Pompe, l'envie d'épouser un français, le rêve de retour au pays pour mener une vie de propriétaire, le militantisme contre Franco...
A l'inverse, Sandrine Kiberlain, mariée à Luchini pour l'occasion, figure une provinciale devenue bourgeoise et qui tente à tout prix de coller au stéréotype, s'affairant sans cesse pour un rien qui la déborde.
Comédie gentillette et succulente.
Même si le scénario, aux péripéties attendues tout comme le dénouement, est cousu de fil blanc, il déroule des clichés (les bourgeois coincés, la provinciale pas sur d'elle et superficielle avec des «bonnes amies»,qui devient lucide sur le tard) sans caricature excessive hors mis peut-être le rôle des deux jeunes garçons, en internat religieux comme les gosses de bonne famille, conscient de leur milieu qu'ils revendiquent de manière odieuse.
Luchini n'en fait pas trop et il est juste dans son rôle.
Sandrine Kiberlain presque parfaite en provinciale.
Les «femmes» d'Almodovar à l'aise dans le rôle des bonnes espagnoles qu'elles campent avec réalité.
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