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Jean-Louis TRINTIGNANT

est un acteur, réalisateur et pilote automobile français né le 11 décembre 1930 à Piolenc (Vaucluse) et mort le 17 juin 2022 à Collias (Gard).
Comédien depuis les années 1950, il est présent dans le cinéma d'auteur, collaborant avec de nombreux réalisateurs dont COSTA-GAVRAS, Claude LELOUCH, Éric ROHMER, Michael HANEKE, Claude CHABROL, Bernardo BERTOLUCCI, Dino RISI, Ettore SCOLA, François TRUFFAUT, Bertrand BLIER, Sergio CORBUCCI, Robert HOSSEIN, Alain ROBBE-GRILLET, Enki BILAL, Jacques AUDIARD, Krzysztof KIEŚLOWSKI ou René CLÉMENT.
Il reçoit un Ours d'argent du meilleur acteur au Festival de Berlin pour L'Homme qui ment en 1968 et un prix d'interprétation masculine au Festival de Cannes 1969 pour Z. Il reçoit en 2013 le César du meilleur acteur pour Amour.
Neveu des pilotes automobiles Louis et Maurice TRINTIGNANT, il est — avec la réalisatrice Nadine TRINTIGNANT qui est son épouse de 1960 à 1976 — le père de l'actrice Marie TRINTIGNANT et de l'assistant-réalisateur Vincent TRINTIGNANT. En 19444, il se découvre une passion pour la poésie de Jacques Prévert qui ne le quitte plus de sa vie, ou encore pour Guillaume Apollinaire et Louis Aragon.
Il est élève au lycée Saint-Joseph d'Avignon. En 1949, alors qu'il est étudiant à la faculté de droit d'Aix-en-Provence, il assiste à une représentation de L'Avare, comédie de Molière mise en scène par Charles DULLIN : cette pièce est pour lui une révélation. Il assiste peu après à une représentation de Jules César par Raymond Hermantier, qui lui fait découvrir et aimer Shakespeare. Il abandonne ses études, décide de suivre les cours de comédie de Charles DULLIN — mort entretemps — et de Tania Balachova à Paris. Cela l'aide à vaincre sa profonde timidité. Son ambition est de devenir comédien au théâtre et metteur en scène au cinéma. C'est pourquoi, parallèlement aux cours d'art dramatique, il entre à l'IDHEC. Il décroche des figurations et des petits rôles, notamment au TNP.
Il vit alors chichement, à quatre dans une chambre d'hôtel de Saint-Germain-des-Prés, et effectue des petits boulots aux Halles pour financer sa formation. Les jours de disette, il se rend à l'appartement des parents de Claude Berri. En 1951, Jean-Louis TRINTIGNANT débute au théâtre avec la pièce À chacun selon sa faim de Jean Mogin, mise en scène Raymond Hermantier. Il enchaîne avec la Comédie de Saint-Étienne où il joue Macbeth de William Shakespeare avec Jean Dasté. Puis il suit les cours de réalisateur de l'Institut des hautes études cinématographiques (IDHEC). Il réalise son premier film vingt-et-un ans plus tard avec Une journée bien remplie en 1973, et le second Le Maître-nageur en 1978 — ces deux films sont des échecs commerciaux.
Reconnaissance internationale avec Et Dieu... créa la femme
En 1956 après quelques figurations, Jean-Louis TRINTIGNANT fait ses débuts comme acteur de cinéma avec le film Si tous les gars du monde de CHRISTIAN-JAQUE et connaît la célébrité internationale en même temps que Brigitte BARDOT avec le film mythique à scandale Et Dieu… créa la femme de Roger VADIM, où il joue le jeune époux fou amoureux de Juliette, une jeune femme à la beauté diabolique qui ne pense qu'à s'amuser et à aimer les hommes dans une communauté du village de Saint-Tropez traditionnellement dure au labeur et attachée aux bonnes mœurs. Sa liaison avec Brigitte BARDOT (mariée à Roger VADIM) fait alors couler beaucoup d'encre dans la presse people internationale et fait exploser le couple VADIM-BARDOT. Jean-Louis TRINTIGNANT disparaît durant son service militaire. Il réussit, en se rendant malade avec un mélange de blancs d'œuf et de vin blanc, à éviter d'être envoyé dans les Aurès en Algérie. Il est affecté à Trèves en Allemagne, puis à la caserne Dupleix à Paris. Ces années vont le marquer profondément et arrêter momentanément sa carrière de comédien. Revenu à la vie civile fin 1958, Jean-Louis TRINTIGNANT redevient populaire en jouant de façon magistrale Hamlet de William Shakespeare au théâtre et renoue avec le cinéma en 1959 grâce à Roger VADIM qui lui offre un rôle important dans son nouveau film sulfureux, Les Liaisons dangereuses 19608, avec Gérard PHILIPE, Jeanne MOREAU, Annette VADIM et Boris VIAN. Il connaît le succès en Italie avec Le Fanfaron de Dino Risi avec Vittorio GASSMAN, film emblématique de la comédie à l'italienne des années 1960.
Il connaît à nouveau la gloire internationale avec Un homme et une femme de Claude LELOUCH récompensé en France par la Palme d'or au Festival de Cannes 1966 et aux États-Unis par les Oscars du meilleur film étranger et du meilleur scénario original en 1967.
Jean-Louis TRINTIGNANT joue également dans des films politiquement engagés contre le fascisme et la dictature : Le Combat dans l'île d'Alain Cavalier en 1962 et Z de COSTA-GAVRAS avec Yves MONTAND, rôle pour lequel il reçoit le prix d'interprétation masculine au Festival de Cannes 1969.
Il enchaîne une impressionnante carrière entre cinéma d'auteur, films grand public et théâtre où il prend souvent des rôles d'antihéros au charisme envoûtant et à la voix de velours tourmentée et sarcastique. Il s'impose parmi les plus grands comédiens de sa génération.
En 1968, il est récompensé par l'Ours d'argent du meilleur acteur au Festival du film de Berlin (Berlinale) pour L'Homme qui ment d'Alain ROBBE-GRILLET. Il est ensuite la vedette d'un western spaghetti de Sergio CORBUCCI : Le Grand silence, avec Klaus KINSKI. Ce film devient au fil des années une référence du genre et est choisi en 2012 pour un hommage rendu au comédien à la Cinémathèque française. L'année suivante, il donne la réplique à Françoise FABIAN dans un film qui devient rapidement un classique : Ma nuit chez Maud d'Éric ROHMER. En 1970, TRINTIGNANT interprète ce qu'il considère comme son plus beau rôle, celui de Marcello Clerici dans Le Conformiste, un film de Bernardo BERTOLUCCI adaptant le roman éponyme d'Alberto Moravia et considéré aujourd'hui comme un des meilleurs films du cinéaste.
Pendant les années qui suivent, Jean-Louis TRINTIGNANT tourne beaucoup, en France (Le Voyou de Claude LELOUCH, La Course du lièvre à travers les champs tourné au Québec par René CLÉMENT, Les Violons du bal, œuvre autobiographique de Michel Drach, Le Secret de Robert Enrico avec Philippe NOIRET et Marlène JOBERT, Flic Story de Jacques DERAY où il partage l’affiche avec Alain DELON) mais aussi occasionnellement en Italie (La Femme du dimanche de Luigi COMENCINI, La Terrasse de Ettore SCOLA). Il se voit également offrir par Bertolucci le rôle principal du film Le Dernier Tango à Paris, qu'il refuse et qui est finalement attribué à Marlon BRANDO.
Jean-Louis TRINTIGNANT aborde aussi la mise-en-scène une première fois en 1973 avec la comédie d'humour noir Une journée bien remplie, mettant en vedette Jacques DUFILHO, puis une seconde et dernière fois en 1979 avec Le Maître-nageur, une fable dont le ton sardonique se situe dans la même veine que celui d'Une Journée bien remplie.
Le film Ça n'arrive qu'aux autres, dans lequel Jean-Louis TRINTIGNANT devait jouer son propre rôle auprès de Catherine DENEUVE, est inspiré de sa vie avec Nadine Marquand et du deuil de leur fille Pauline.
Marie joue dans plusieurs films de sa mère aux côtés de son père et plusieurs pièces de théâtre avec son père. Elle devient la partenaire privilégiée de son père.
Entre 1976 et 1978, il choisit de se retirer momentanément du cinéma et ne tourne que deux films : Les Passagers de Serge LEROY et Repérages de Michel SOUTTER. Il refuse les rôles de Lacombe dans Rencontres du troisième type de Steven SPIELBERG et d'un journaliste dans Apocalypse Now de Francis FORD COPPOLA — les rôles sont respectivement repris par François Truffaut et Dennis Hopper.
Il s'intéresse à la compétition automobile et court un temps comme pilote automobile professionnel, engagé par British Leyland en formule de production. Il participe à plusieurs rallyes — notamment au rallye de Monte-Carlo à six reprises, terminant entre la 20e et la 65e place — et courses en circuits notamment pour l'équipe du Star Racing Team de Moustache, sur Simca 1000 Rallye. Il y rencontre Marianne Hoepfner, célèbre pilote de rallye, notamment celui du Rallye Dakar 1984. Elle devient son épouse en 2000, après son divorce d'avec Nadine TRINTIGNANT. Il participe aux 24 heures du Mans en 1980 (abandon) et finit deuxième aux 24 heures de Spa en 1982 avec ses coéquipiers Jean-Pierre Jarier et Thierry Tassin.
Il revient au cinéma en 1978 dans L'Argent des autres de Christian de CHALONGE, qui obtient un grand succès critique et public. Années 1980 : retrait progressif du cinéma
Le début des années 1980 est assez actif pour Jean-Louis TRINTIGNANT. En 1980, il fait son seul et unique doublage en devenant la voix française de Jack Nicholson dans le film Shining de Stanley Kubrick. L'acteur était à l'époque régulièrement doublé par le comédien Jean-Pierre Moulin, mais après avoir passé des essais, Kubrick choisira plutôt TRINTIGNANT. Puis il apparaît dans plusieurs films dont Eaux profondes, un drame psychologique inspiré du roman éponyme de Patricia Highsmith où il retrouve Michel DEVILLE qui l'avait dirigé dans la version française de Shining, Malevil de Christian de CHALONGE, un rare exemple de film d'anticipation tourné en France, ou encore dans Le Grand Pardon, un film de gangsters réalisé par Alexandre ARCADY où il tient un rôle plus secondaire, et qui connaît un bon succès .
En 1983, aux côtés de Fanny ARDANT, il tourne pour la première fois sous la direction de François TRUFFAUT dans ce qui est le dernier film du célèbre réalisateur : Vivement dimanche !, une comédie policière dans laquelle TRINTIGNANT incarne un agent immobilier injustement soupçonné de meurtre. Il renoue ensuite avec Claude LELOUCH grâce à Viva la vie.
En 1986, Claude LELOUCH lui propose de reprendre son rôle de coureur automobile dans Un homme et une femme : Vingt ans déjà, dans lequel il retrouve Anouk AIMÉE. Le film est cependant loin de connaître le succès de son prédécesseur.
Après avoir vécu plusieurs années à Lambesc, il se retire en 1985 dans sa maison d'Uzès dans le Gard à 40 km à l'ouest d'Avignon, puis à Collias pour vivre en harmonie avec la nature. Il se dit lassé par le cinéma, refuse plusieurs projets et se fait plus rare même s'il revient de temps à autre, essentiellement dans des seconds rôles, comme dans La Femme de ma vie de Régis WARGNIER. En 1987, il annonce lors de la Mostra de Venise qu'il abandonne le cinéma, faisant croire qu'il est gravement malade. Il revient au cinéma deux ans plus tard dans Bunker Palace Hôtel, le premier long métrage de Enki BILAL.
Dans les années 1990, il aborde des personnages misanthropes et cyniques, murés dans leur solitude.
En 1994, il tient un rôle remarqué dans Trois Couleurs : Rouge de Krzysztof KIEŚLOWSKI et Regarde les hommes tomber, le premier film de Jacques AUDIARD. Il apparaît également dans Fiesta de Pierre BOUTRON, qui évoque l'endurcissement des jeunes combattants franquistes durant la guerre d'Espagne.
Il disparaît des écrans, privilégiant le théâtre et de nouvelles activités. En 1998, il fait une exception en acceptant de tourner avec Patrice CHÉREAU dans Ceux qui m'aiment prendront le train. En 2003, il lit sur scène derrière son pupitre les Poèmes à Lou (lettre d'amour du poète Guillaume Apollinaire à sa bien-aimée Lou) avec sa fille Marie TRINTIGNANT.
En 2005, en hommage à cette dernière, tuée deux ans auparavant, il présente son spectacle Jean-Louis TRINTIGNANT lit Apollinaire, créé avec elle, au Festival d'Avignon. La même année, il forme un duo mémorable avec Roger Dumas dans la pièce Moins 2, écrite et mise en scène par Samuel BENCHETRIT au Théâtre Hébertot.
En 2011, accompagné de Daniel Mille à l'accordéon et de Grégoire Korniluk au violoncelle, il présente au théâtre de l'Odéon son spectacle « Trois poètes libertaires » : Boris Vian, Jacques Prévert et Robert Desnos qu'il a déjà rodé en province en 2010 et qu'il poursuit en tournée, principalement française, en 2012 et 2013.
Après dix ans d'absence au cinéma, depuis son apparition dans Janis et John de Samuel BENCHETRIT, il revient en 2012 sur le grand écran, au côté d'Emmanuelle RIVA, dans Amour de Michael HANEKE, drame intimiste et universel sur la maladie, la vieillesse et la mort récompensé par la Palme d'or au 65e Festival de Cannes, le César du meilleur film et l'Oscar du meilleur film étranger. Réticent à l'idée de jouer à nouveau au cinéma, il accepte le rôle sur l'insistance de la productrice Margaret MÉNÉGOZ et après avoir visionné le film Caché du même metteur en scène. Fasciné par le travail de HANEKE, TRINTIGNANT le considère désormais comme le plus grand réalisateur du monde. Son interprétation dans Amour, comme celle de RIVA, est largement saluée par la critique, le public et la profession. Lors de la sortie du film, il annonce qu'il s'agit de son ultime rôle pour le cinéma car il préfère se consacrer au théâtre. Après avoir obtenu l'European Award du meilleur interprète 2012, il reçoit, en 2013, le César du meilleur acteur pour cette œuvre dans laquelle il incarne un octogénaire contraint de s'occuper et d'assister, impuissant, à la lente agonie de son épouse, victime de deux accidents vasculaires cérébraux.
En 2017, il tourne à nouveau pour HANEKE dans Happy End, aux côtés d'Isabelle HUPPERT et Mathieu KASSOVITZ.
En juillet 2018, alors que le cancer du comédien le décourage de poursuivre son métier d'interprète, il accepte de tourner dans les deux dernières productions de Claude LELOUCH : Les Plus Belles Années d'une vie, sorti en 2019 ; il retrouve Anouk AIMÉE dans cette « suite » d'Un homme et une femme, dans lequel son personnage perd progressivement la mémoire. Puis, il est annoncé — mais n'apparaît pas — dans la suite de L'amour c'est mieux que la vie, dont la sortie est prévue fin 2022.
Le 12 mars 2021, il est sur scène lors de la 46e cérémonie des César, présentée par Marina FOÏS, pour annoncer les espoirs masculins et féminins à la jeune Fathia YOUSSOUF pour son rôle dans Mignonnes et à Jean-Pascal ZADI pour la réalisation et sa prestation dans Tout simplement noir.
(WIKIPEDIA)
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